Le Brésil espère échapper à la crise financière grâce à des réserves record et à la diversification de l'économie
Face à la crise financière internationale, le Brésil affiche une belle sérénité. Surtout, le pays se juge aujourd'hui capable de résister aux dangers venus d'ailleurs. La 10e économie du monde - entre celle du Canada et celle de la Russie - vit une période faste qui inspire confiance à ses partenaires autant qu'à elle-même. Et sa croissance, robuste et équilibrée, est entrée dans un cercle vertueux.Le produit intérieur brut (PIB) a progressé de 5,4 % en 2007, contre 3,7 % en 2006. C'est la seconde bonne nouvelle de l'année après l'annonce, fin février, que le Brésil était devenu créditeur. C'est le pays émergent qui a le plus augmenté ses avoirs de change en 2007. Le niveau de ses réserves - désormais supérieures à sa dette extérieure publique et privée - lui assure un confortable coussin de devises qui le protège des secousses du marché.
Le commerce extérieur tire cette croissance. Le marché mondial, avec en tête la Chine, est très demandeur en produits agricoles et matières premières dont le Brésil regorge et qui lui assurent les deux tiers de ses revenus : viande de boeuf, soja, minerai de fer, éthanol, entre autres.
A l'inverse du Venezuela, dont la richesse provient presque exclusivement du pétrole, le Brésil a pu diversifier ses exportations. Il a aussi élargi le cercle de ses clients. Les Etats-Unis n'absorbent que 15 % de ses ventes - seulement un peu plus de 2 % de son PIB. Par comparaison, le Mexique vend 80 % de ses produits à son voisin du Nord. La Chine achète 10 % des exportations du Brésil - soit cinq fois plus qu'il y a deux ans, et plus que l'Argentine voisine.
Sous l'égide de la Banque centrale, agissant de manière autonome et transparente, l'instauration en 1999 d'un taux de change flottant entre la monnaie locale, le real, et le dollar a facilité la maîtrise de l'inflation, réduite à 4,5 % en 2007. Le real a doublé de valeur en cinq ans par rapport au billet vert. Quant à la Bourse de Sao Paulo, elle a décuplé la sienne depuis 2002, avec une hausse de 60 % en 2007.
DYNAMISME INTERNE
Le Brésil possède désormais un dynamisme interne basé sur une forte hausse de la demande des ménages et des entreprises. En 1999, les taux d'intérêt avaient atteint un record de 45 %. Ils sont aujourd'hui de 11,25 %, soit 7 % en termes réels. Ce serait encore énorme pour beaucoup de pays, mais pas ici. Cette baisse drastique a fait fleurir le crédit et dopé la consommation (+ 6,5%), dans la construction, l'automobile ou l'informatique.
La confiance du gouvernement dans l'avenir de l'économie va de pair avec une prudence légitime. Car deux dangers se rapprochent. D'abord, la balance des comptes courants a enregistré en 2007 un léger déficit dû à l'écart - du simple au double - entre les exportations et les importations. Pour satisfaire la demande interne, les entreprises ont beaucoup importé à des prix compétitifs, grâce à l'appréciation du real, et moins vendu à l'étranger, où leurs marges sont pénalisées par cette monnaie forte. Brasilia vient de prendre des mesures financières pour relancer les exportations et rendre le pays moins attractif pour les capitaux spéculatifs qui poussent le real à la hausse.
L'inflation est le second danger. Le président Luiz Inacio Lula da Silva la tient pour la pire ennemie des Brésiliens les plus pauvres, dont il dit défendre la cause. Sa maîtrise a contribué à sa réélection en 2006 et lui a permis de redistribuer de la richesse à des millions de familles par l'entremise de programmes sociaux. Le chef de l'Etat préfère la poursuite d'une croissance plus modeste ne portant pas en germe le retour de l'inflation. Cette menace sera contenue tant que la hausse de l'investissement l'emportera sur celle de la demande, ce qui a été le cas en 2007. Mais avec 18 % du PIB, l'investissement reste nettement inférieur à celui de la Chine (40 %) ou de l'Inde (35 %).
Pour rendre sa croissance durable, le Brésil devra s'attaquer à des problèmes de fond dont la solution est autant politique qu'économique. Il lui faudra réduire la dette interne de l'Etat en resserrant les dépenses publiques. Il lui faudra développer ses infrastructures, alléger sa fiscalité et simplifier sa bureaucratie. Bref, diminuer ce que les investisseurs appellent ici "le coût Brésil".
Jean-Pierre Langellier- Le MondeArticle paru dans l'édition du 25.03.08.
1 comment:
Y ahora que se ha descubierto petroleo, mejor que mejor
Jesús
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